Lorsqu’on entend : « Mind the clooooosing doors ! » on fait gaffe. On n’a plus le choix, la décision est prise : on est dans le wagon ou pas. La fermeture des portes est aussi soudaine que la guillotine, pas tranchante mais douloureuse quand même… L’agent sur le quai, avec son petit panneau orange levé bien haut, a prévenu : « This train is ready to leeeeave… » Ce n’est pas le moment de douter.
Je me rappelle, dans le métro de Madrid, cette étiquette collée sur la porte des wagons, pour prévenir les accidents : un lapin de bande dessinée, habillé en petit garçon, la patte coincée entre les battants. Dans le Tube en revanche, l’étiquette a juste un texte disant que les objets qui bloquent les portières causent des retards. Comme si, ce qui fait vraiment mal à Londres, c’est perdre son temps.
D’ailleurs, si la rame ne démarre pas dans la minute, le conducteur fait une annonce. Il dit qu’on est arrêtés au signal rouge, ou bien que la rame de devant a du retard, ou encore que le service est interrompu à cause d’un voyageur sur la voie… On saura tout, on est bien informés, à intervalles réguliers, jusqu’au moment du départ : « This train is ready to leeeeave… » Quand j’habitais Paris, on pouvait rester bloqués une heure dans le métro sans savoir pourquoi.
Aussi, dans les couloirs et les stations, les haut-parleurs gueulent des mises à jour sur l’état du réseau, ils recommandent d’avertir en cas de colis suspect ou de comportement bizarre, ils assurent qu’on est filmés pour notre sécurité, ils insistent pour qu’on reste sur la file de droite dans les escaliers mécaniques, et ils offrent de payer le voyage avec une carte bancaire, sans préciser combien ça coûte cher.
Le Tube est bavard. Enfin, c’est comme tout : on s’habitue. Je ne me plains pas, en général. Je l’écoute plusieurs fois par jour et je n’ai jamais rien à lui redire. Sauf aujourd’hui, où j’aurais préféré qu’il se taise. Il m’a bien cassé les oreilles. Il faut dire que le wagon était bondé et, juste au moment où j’hésitais à monter, il a crié : « Mind the clooooosing doors! » Ce n’était pas le moment de douter.
Ceci vous a plu ? Essayez cela :
« Je l’écoute plusieurs fois par jour et je n’ai jamais rien à lui redire. »
En tout cas, vous trouvez joliment beaucoup de choses à dire à propos de ses logorrhées amphigouriques !
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A peine quelques médisances…
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Quelle photo 1
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Instantané
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Bien vivante chronique d’un observateur attentif aux autres et au monde dans ce monde où l’individualisme est roi.
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C’est vrai que l’individualisme à plusieurs est largement pratiqué sans le métro.
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Ils doivent à tout prix vouloir nous empêcher de réfléchir ! ce n’est pas la nature qui a horreur du vide c’est l’homme qui a horreur du silence ?
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Non seulement ils veulent nous empêcher de réfléchir, mais ils veulent aussi nous informer.
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On résiste à l’invasion des armées, on ne résiste pas à l’invasion des idées, disait Hugo, ce visionnaire.
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Je ne sais pas si le Tube a beaucoup d’idées quand même…
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Super photo et chronique métropolitaine très amusante. Celui de Paris cause de plus en plus également, pour prévenir des pickpockets, des sacs égarés, des incidents de parcours etc. Simplement, c’est souvent inaudible et désagréable. Le petit lapin italien est même venu nous visiter.
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Le métro parisien annonce la prochaine station en deux temps. La première fois, c’est une question (Blanche?) et la seconde, c’est la réponse (Blanche!). Comme si c’était lui qui hésitait, n’étant pas trop sûr de sa destination.
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Très juste !
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Comme quoi, chaque métro s’exprime à sa façon.
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Et révèle une partie, infime, mais réelle, de l’esprit de la ville qu’il parcourt.
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Qui a dit le doute c’est le début de la sagesse ? 😉
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Pas le conducteur en tout cas.
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