L’aube se lève sur Oxford Circus, un petit jour poisseux qui se reflète sur le trottoir mouillé et donne au ciel la couleur de l’asphalte. Des gens sortent du métro, d’autres surgissent des rues adjacentes et traversent la chaussée sans craindre la circulation. Ils se faufilent entre les taxis noirs, les bus rouges et les cyclistes pour venir prendre place dans la procession. Les fidèles sont convaincus de la mission qui les réunit ici. Leurs yeux brillent d’un fanatisme anxieux et le silence religieux qui pèse sur la foule masque une fièvre grandissante à l’approche du miracle auquel ils sont venus assister.
Même s’il existait auparavant en Grande Bretagne, le folklore de Noël prit son véritable essor au temps de la reine Victoria, au dix-neuvième siècle. Très éprise de son époux, le prince Albert, qui était allemand, elle adopta nombre des coutumes germaniques et les rendit très populaires. Marchés de Noël, cantiques au coin des rues, cartes de vœux, calendrier de l’avent, sapin et vin chaud en sont quelques exemples. Je suppose que les pull-overs thématiques, avec leurs dessins de rennes ahuris, de père Noël goguenard ou de bonhomme de neige à la carotte obscène, que certains arborent fièrement sur leur ventre, ont été ajoutés plus tard aux festivités.
Boxing Day remonte aussi à l’époque victorienne. Le 26 décembre était traditionnellement le jour où les patrons offraient leurs cadeaux de Noël au personnel, présentés dans une grande boîte. La tradition perdure, même si elle a changé avec le temps et qu’elle est devenue, disons, plus fanatiquement célébrée. Aujourd’hui, les gens se font eux-mêmes leurs cadeaux. Animés par une foi commerciale à toute épreuve, ils sont à tel point dévots, en ce jour de soldes miraculeuses, qu’ils bravent le froid, la grisaille et la circulation, avant de pénétrer dans les sanctuaires de leurs marques adorées, pour embrasser la promotion bénite.
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J’aime bien les graffitis, ou plutôt les graff, j’ai prévu d’en faire une rubrique sur mon blog, le tien est intéressant !
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Belle rubrique en perspective. Moi aussi, je les adore. En plus, ils décorent les murs de la ville admirablement.
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Un Noël tout doux, pour moi, comme je l’espère pour vous aussi.
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C’est en tout cas très neuf, ce fond graffiti avec la crèche en superposition. Comme je suis très athée et quelque peu iconoclaste sage, ça me plait bien !
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Mais qui sont les voyous qui ont bien pu graffiter ma crèche?
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Un texte fort bien illustré par l’image.
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Merci ‘vy. Tous ces monstres du graffiti, qui se jettent sur je ne sais quoi pour le démanteler, m’ont fait penser à la ruée aux cadeaux. J’espère que votre Noël était moins violent que sur cette fresque murale.
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