À la question : Comment déguster la vie ? La réponse est simple : Mangeons-la !
Dès le début, on utilise la bouche pour découvrir le monde. Mâcher pour apprendre, avaler pour savoir, bébé enfourne tout ce qu’il peut entre ses gencives molles. Si c’est bon, on le garde à l’intérieur ; si ça ne plaît pas, on le recrache. Mais pour connaître le monde, on doit absolument en goûter les saveurs.
Plus tard, on s’exerce à parler. En bougeant la langue, on formule des mots, puis des phrases pour s’exprimer. C’est moins fatigant que de crier à pleins poumons et tout aussi efficace pour attirer l’attention. Le langage devient vite l’outil de prédilection pour régaler son ego. On en use et on en abuse ; on se goinfre de paroles et on dit souvent des bêtises. Peu importe, c’est si bon de mastiquer verbalement.
Avec le temps, l’appétit grandit. On finit par tout dévorer autour de soi. La société de consommation répond obligeamment à ces besoins, en proposant une vaste gamme de compléments nutritifs. Attablé devant la télé, on enfourne des kilos de promotions, on mâchouille des marques en pagaille et on ingurgite des biens qui combleront le vide au fond de soi. Ainsi digère-t-on le monde, le ventre gonflé par la convoitise.
Le sexe est l’un des plaisirs gustatifs favoris car, parmi les zones érogènes dont on dispose, la bouche fait merveille. S’embrasser, se caresser les lèvres, chercher sa langue… Le goût de ces préliminaires sensuels provoque une irrésistible euphorie. Enivré par les baisers, on se jette avidement sur le reste du corps pour lécher, sucer et mordre la chair désirée. De tels festins amoureux rendent les amants cannibales.
En vieillissant, les sens perdent leur acuité : problèmes auditifs, vision corrigée, végétations bouchées, température variable… Seul le goût reste intact. Un bon repas, quelques pâtisseries, un petit chocolat… On a beau faire attention à sa santé, une gâterie fera toujours saliver. On succombe à la gourmandise, jusqu’au dernier soupir. D’ailleurs, la vie se termine en suivant le même trajet que tous ses plaisirs : on l’expire par le gosier.
Certes, on utilise tous les sens pour apprécier le monde, mais on ne le saisit jamais aussi bien qu’avec le goût. La vie, ça passe mieux en bouchée.
Ceci vous a plu ? Essayez cela :
Cela donne un petit creux et une envie de grignoter quelque chose de bon…
J’aimeJ’aime
La grignote plutôt que la bouchée? mmm, là, c’est de la dégustation.
J’aimeJ’aime
Mais pour jouir de la vie, il ne faut pas doubler inconsidérément les bouchées.
J’aimeJ’aime
Non, non. On risquerait l’indigestion.
J’aimeAimé par 1 personne
D’où l’importance de savoir divinement cuisiner. Dans le sens littéral du terme, puisque le sexe reste du domaine privé, je n’en parle pas.
Ma dernière fabrication culinaire, une quiche courgette aubergine dont je suis plutôt satisfaite.
J’améliore à chaque fois. Et vais être en mesure d’être créative car mon travail consiste à nourrir tant les estomacs que les esprits. Ou bien est-ce l’inverse, je ne sais pas. Ou tout simplement est-ce réciproque.
Texte très éclairant, merci Rx
J’aimeJ’aime
Cette quiche courgette aubergine est sans aucun doute une ode à la vie (surtout un dimanche après-midi).
J’aimeAimé par 1 personne