L’herbe est toujours plus verte

J’ai vérifié mille fois sur l’appli météo : aujourd’hui, il doit faire beau ! Alors, comme tout Londres, je vais au parc ! J’ai justement quelques chapitres à finir. Pourquoi pas les lire sur l’un des îlots de verdure dont regorge la capitale ? Je traverse la foule qui parsème la pelouse, en quête d’un petit coin pour poser ma couverture, et puis mon derrière.

L’herbe est toujours plus verte ailleurs, dit-on. Et par ici, c’est trop peuplé, à cause du marchand de glaces qui attire une file de gourmands. Juste à côté, ça ne va pas non plus : des mamans sportives s’agitent en poussant leurs landaus, encouragées par une coach exaltée qui tient absolument à redonner forme à ses élèves. Par là, ce serait bien, sauf que la compétition de barbecues entre les Indiens et les Africains risque de me faire sentir comme une saucisse. En face, les Anglais ont fini de manger, mais tous les membres du groupe ne sont pas avachis dans les restes du repas. Les petites filles filent en trottinette, les petits garçons au ballon, les ados au frisbee ou aux raquettes. Le tap-tap de la baballe me tappe tappe déjà sur les nenerfs. Non, ce qu’il me faudrait, c’est la proximité tranquille des femmes voilées ou bien celle des Asiatiques, cachées derrière l’écran total de leurs ombrelles. Hélas, la place est déjà prise par un couple hilare qui boit du Prosecco dans des coupes en plastique. Ah ! là, ce trio nouveau né, avec maman qui donne à manger à bébé tandis que papa captive son attention en faisant des grimaces. Sur la bavette, en lettres entrelacées, un nom : Alice. Ça me rappelle le pays des merveilles qui m’attend dans mon livre. C’est donc là où je pose ma couverture, et puis mon derrière.

Malheureusement, le plaisir ne dure pas bien longtemps, à peine quelques pages. Car soudain la bouteille de Prosecco est vide, le frisbee vole de travers, les saucisses brûlent, les ombrelles se referment et l’exaltation du coach s’éteint, tandis que ses élèves regardent le ciel incertain. Le soleil s’est caché derrière un gros nuage noir ; il va pleuvoir ! Un frisson d’appréhension parcourt l’herbe verte.

Moi, je ne m’alarme pas pour autant. Je n’abhorre pas les averses. Au contraire, quelques gouttes sont bienvenues. Si les parcs de Londres sont magnifiques, c’est justement parce qu’ils sont bien arrosés. Et puis un petit coup d’œil sur l’appli météo me rassure : l’ondée est passagère.

Un ami britannique m’avait prévenu, avant que je vienne m’installer ici : En Angleterre, m’a-t-il dit, il fait beau plusieurs fois par jour.

12LDN136

Bloomsbury Square Gardens, London


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4 réflexions sur “L’herbe est toujours plus verte

  1. Très chouette chronique de l’ordinaire dans lesquelles tous se retrouvent, partagent, sourient. Vous avez manqué la chasse au Pokemon dont nous fûmes témoins dans le parc d’un musée. Sociologiquement intéressant aussi !

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