Lorsqu’on arrive dans un pays étranger, on se sent différent. On n’est pas d’ici ; on n’est pas le même. De là à penser que ça nous change, qu’une fois immigré, on se reconnaîtra plus, il n’y a qu’un pas. Pour s’en assurer, il suffit d’aller chez le coiffeur local.
Qu’il soit tenu par une blonde nordique décolorée, un afro noir musclé ou le pote du boucher du coin, le rituel du salon de coiffure est partout le même : on feuillette un magazine sans le regarder quand il vient nous chercher pour nous attacher dans un grand tablier, sur un siège qu’il met à hauteur en pompant du pied. On ne peut ni bouger ni descendre, seulement regarder notre tête inquiète dans le miroir d’en face. Une fois à sa merci, il demande : « Comment les voulez-vous? » Alors on donne les indications comme ses dernières volontés, sachant que de toute façon, le sort de nos cheveux est entièrement entre ses mains.
Le résultat de la coupe, c’est important ; l’expérience vécue aussi. Les deux dépendent du coiffeur. Ainsi faut-il bien le choisir. Pour ma part, je préfère les blondes nordiques décolorées, encore doivent-elles me gratter la tête sans me l’assommer à coups de potins. Or, la première fois que j’en ai cherché une, à Londres, je n’en ai pas trouvé. Ou bien, elles étaient hors de prix. J’ai dû me rabattre sur le salon de coiffure du quartier, autrement dit, chez le pote du boucher du coin. Il était turc.
D’une main, il m’empoigne la tête, tord le cou pour la faire tourner, tandis que de l’autre il m’épluche le crâne avec son rasoir électrique. Dans le miroir, les tranches de mes cheveux tombent sur le grand tablier moelleux, où je suis pris en sandwich, rouge comme une tomate. Soudain, il enflamme une boule de coton sur une baguette et me grille le bout des oreilles. Et puis, sans prévenir, il me plonge la tête dans le lavabo. Saucée dans la mousse, il la malaxe, la pétrit, et la ressort à l’étouffée dans une serviette, avant de me la servir bien chaude.
Lorsque je me suis revu dans la glace, je n’étais plus le même. J’avais changé. Différent, étranger, je ne me reconnaissais plus ! Heureusement, posé sur une soucoupe à côté de la caisse, m’attendait un petit loukoum pour me réconforter.
Ceci vous a plu ? Essayez cela :
Ouais, ouais, on dit ça… et après on est tout surpris de voir sa trombine faire la couverture des magazines people.
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On pourrait avoir une photo juste après le massacre?
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Ouin bon… C’était pour avoir une illustration…
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« Homme à poigne, il saisit ma tête d’une main, me tord le cou pour la faire tourner, tandis que de l’autre il m’épluche le crâne avec … la rince, et la ressort à l’étouffée dans une serviette. Enfin, il me la sert bien chaude. »
Mais ça ressemble franchement à une punition ou à des représailles!
Vous êtes sûr que vous n’aviez rien à vous reprocher? 🙂
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La seule chose que je me reproche, c’est d’être aller chez ce coiffeur-là. Je sais, c’est trop tard, ça ne sert à rien de se fustiger; les reproches n’empêcheront jamais les cheveux de repousser.
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remarque bien qu’il n’y a pas besoin d’aller jusqu’à Londres pour ne pas se reconnaître, mais ton esprit et ta verve font travailler notre image-inaire 😀
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On trouve des kebabs partout, en effet.
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[… il demande : « Comment les voulez-vous? » Alors on donne les indications comme ses dernières volontés, sachant que de toute façon, le sort de nos cheveux est entièrement entre ses mains… ] 😀 😀 😀
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Ça vous plaît comme ça? Ou un peu plus court?
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L’image m’a fait rire ! Parce que là où je ris c’est que c’est bien imagé, en plus d’être bien image-inné !
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