Le balai de la colombe

Il était une fois un balai magique appartenant à la sorcière ménagère, qui servait à nettoyer quotidiennement le palais royal. Très tôt le matin, il commençait sur les marches du parvis, puis il passait dans la cour intérieure vers midi, avant d’entrer faire les chambres et les autres salles jusqu’en soirée. La sorcière le récupérait à la fin de son service et le rangeait chez elle pour la nuit. Il recommençait à balayer dès le lendemain matin.

Son efficacité en matière d’hygiène était réputée. On le considérait d’ailleurs comme le meilleur balai du royaume et il lavait le palais depuis des années. Cette vocation venait du sort que lui avait jeté la sorcière ménagère : « détritus nulus », éradiquer le mal par la propreté. La mission du balai était d’éliminer les ordures, d’effacer les saletés et d’astiquer les coins ternes pour redorer l’âme de la maison. Il s’y appliquait à la perfection. Ses longs poils durs frottaient le sol dans un sens, puis dans l’autre, et propulsaient les immondices au fond de la poubelle, d’un coup sec.

Un soir où la sorcière arrivait au palais pour récupérer son balai, elle aperçut au creux d’une marche, une colombe blessée qui ne pouvait plus voler. Le sang sur les plumes blanches alarma la bonne femme, qui se mit à trembler. « Quel malheur ! La pauvre petite colombe. Quel malheur ! » répétait-elle sans savoir quoi faire. Elle aurait bien voulu recueillir la bête pour la soigner, mais la colombe ne se laissait pas attraper. Chaque fois que les mains de la sorcière cherchaient à la saisir, elle bondissait plus loin, dans un battement d’ailes affolé. Elle ne parvenait pas à s’envoler, alors elle se réfugiait dans les coins inaccessibles des marches.

« Quel malheur ! La pauvre petite colombe est blessée… Quel malheur ! » se lamentait la pauvre femme découragée. Elle allait abandonner lorsque, soudain, elle se rappela sa baguette magique. Avec ça, elle pouvait faire des merveilles. Or, pour soigner la bête, il fallait tout d’abord la mettre en sécurité. Une fois hors de danger, elle aurait quelque chance d’être sauvée. Donc, ce qu’il lui fallait sans plus attendre, c’était une cage.

La sorcière parcourut le parvis du regard, cherchant un objet qui lui conviendrait. Elle aperçut la poubelle. Sa forme et ses dimensions étaient parfaites. Alors, elle pointa sa baguette et, par enchantement, transforma la poubelle en une grande cage propre et confortable. Un sourire de soulagement traversa son visage. Puis elle se tourna vers l’animal pour l’inviter à entrer.

La colombe avait compris. Elle était plus calme et son regard se tendait vers la porte ouverte avec envie. Pourtant, elle hésitait encore, méfiante et effrayée. Alors, le balai entra en action. Ses longs poils durs frottèrent le sol et, dans un nuage de plumes, ils propulsèrent l’oiseau au fond de la cage, d’un coup sec.

 


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8 réflexions sur “Le balai de la colombe

  1. Je l’envie, cette sorcière avec son balai magique, et j’espère qu’on aura des news de cette colombe, car l’histoire se termine « d’un coup sec », dis donc, j’aurais bien lu encore et encore. Ce sera peut-être l’histoire d’une pastilla… !?
    PS: j’aime bien quand tu écris « elle parcourra » 😉

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    • J’ai bien peur que le balai ait achevé son travail, et la colombe avec. Quand à cette saleté de faute de grammaire, merci de l’avoir pointée du doigt. Je l’ai envoyée rejoindre les ordures à la poubelle, d’un cou sec.

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