Les mains au clavier, les yeux sur l’écran et la bouche bée… on a écrit pendant deux heures au café. Maintenant, le club est réuni au pub, autour d’une table où sont posées des boissons colorées. Blondes, brunes ou rousses, ce sont des pintes de bières.

Enfin, quand je dis bière, je devrais préciser s’il s’agit de lagers ou d’ales. Ici, on fait la différence. Les premières sont blondes européennes, tandis que les secondes sont britanniques. Les unes se servent fraîches, elles sont pétillantes ; les autres sont tièdes et plutôt plates. Toutes font également tourner la tête quand on les fréquente un peu trop.

Ces boissons sont très prisées et, traditionnellement, à la sortie du bureau, les pubs se remplissent de collègues assoiffés. Notre petit groupe d’écrivains est entouré par une foule bruyante ; on a du mal à s’entendre. Peu importe. La question qui revient inlassablement, lors de nos rencontres, peut se lire sur toutes les lèvres :

« T’écris quoi, toi ? »

Une vieille au chapeau invente des petites histoires de politique-fiction qui la font bien rire. Une gothique en cuir s’appelle Guy la Brosse-à-Reluire et, à défaut d’être écrivain, elle veut devenir pirate. Un énigmatique fait dans l’apocalyptique. Une romancière avec un job aimerait que son job soit d’être romancière…

« Et moi ? »

Qu’est-ce que j’écris, moi ? Et ben, euh, une comédie romantique… L’histoire d’un type qui cherche la partenaire idéale… S’il la trouve ? Ben, justement… c’est un peu comme ici : à force de fréquenter les blondes, les brunes et les rousses, la tête lui tourne.

Charing Cross, London

Ceci vous a plu ? Essayez cela :

Rupture postale